Catherine m’a, nous a, quitté !
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J’ai connu Catherine en 1975/1976 à Jussieu Paris 7. Nous avons décidé de vivre ensemble au cours de l’année 1978, lors de mon entrée dans le monde du travail.
Après plus de 40 ans de vie commune, elle m’a, nous a, quitté ce mardi 21 janvier 2020, après trois ans de combat contre une saloperie de cancer.

Catherine a toujours été une militante, militante politique, militante syndicale.
Ses convictions politiques, sa certitude que l’autogestion était la solution, lui servaient de fil à plomb, non seulement pour ses actions militantes, mais aussi dans sa vie de tous les jours. Jamais elle ne transigera, jamais elle ne jouera avec les marges : elle restera toujours droite dans ses bottes. Ses "chefs" à la Radio France en savent quelque chose !
Après un début d’étude scientifique, elle avait décidé de passer une maîtrise d’Histoire sur l’histoire du Pérou. Il faut dire que l’espagnol et l’Amérique Latine la passionnaient.
Sa passion de l’Amérique Latine nous avait conduit, avec son frère Patrick, en Équateur et au Pérou. Nous en avons ramené un ami très cher, Jorge, qu’elle espérait bien revoir lorsqu’elle serait à la retraite. elle n’en aura pas eu le temps !
Mais professionnellement, c’est la documentation qui l’intéressait. Alors elle a passé le diplôme de l’INTD.
Mais elle ne voulait pas faire de documentation industrielle, et encore moins travailler dans l’Éducation Nationale. Non, elle voulait faire de la Doc Internationale ! Elle a postulé à Air France, à l’UNESCO, à l’ONU...
Finalement, elle a réussi à entrer à la Documentation d’Actualité de Radio-France...
Et obtenu le secteur qui la passionnait : L’URSS et l’Amérique Latine.
Parallèlement, elle a poursuivi sa réflexion politique, regrettant la réduction de son courant en France à une poignée de militants.
Elle a souvent regretté de n’avoir pu profiter de l’invitation qui nous était faîtes de visiter Michel Raptis sur son île grec.
Mais ses convictions étaient profondes, et elle n’en a jamais changé. Elles ont servi de fil à plomb de toute sa vie.
Fin des année 1980 nous avons finalement décidé de laisser notre empreinte sur cette terre. Ainsi Boris est né en 1988 et Elena en 1993.
Catherine assuma ses responsabilités de mère comme toutes les autres : pleinement, avec passion, sans concession. Avec nos vie, ce ne fut pas toujours simple, mais nous avons appris à jongler avec nos agendas, et à imposer, elle comme moi, le droit de militer et d’avoir des enfants.
elle était très fière de ce que ses enfants étaient devenus, aussi différentes que soient leurs trajectoires personnelles.
Il y a un peu plus de 10 ans, alors que nous avions un petit capital, nous avons choisi le Morbihan pour nous construire un nid, qui puisse être le lieu de rassemblement de toute la famille.
Depuis, nous passions nos week-end dans des travaux continus. Avec Catherine, nous avons appris électricité, la plomberie, le BA13, la pose de parquet, le jardinage... Bref nous n’avons pas souvent eu le temps de nous ennuyer !
Lorsque nous avons découvert l’existence de chats hypoallergéniques (le chat sibérien !), nous avons enfin eu des ami-maux, ce que Catherine avait toujours souhaité (cela comblait aussi un rêve d’Elena !). Catherine était passionnée par ses chats, qui accompagnaient à la plage ou nos balades dans la campagne.
Elle s’inquiétait beaucoup de l’état du monde qu’elle allait laissé à nos enfants, et elle me confiait, il y a encore quelques jours, qu’elle avait qu’un seul regret, celui de n’avoir pu tenir une des promesses qu’elle s’était faites à ses 18 ans : « changer le monde » ! Il y a co-responsabilité...
De nombreux hommages lui ont été rendus, démontrant l’importance qu’elle avait à Radio-France tant auprès de ses collègues que dans les instances où elle intervenait, en particulier le CHSCT.
– Le SNJ-Radio France a écrit un très bel article,
– Claude Ascolovitch la nome à la fin de sa revue de presse du 21 janvier 2020
, je le remercie de ce très bel hommage,
– L’assemblée générale de reconduction du mercredi 22 janvier de la grève de Radio France, lui a aussi rendu un vibrant hommage, visible sur le facebook de la cgt Radio France. Merci pour ce standing ovation de plus d’une minute !
– Charline Vanhoenacker dédit le « par Jupiter » du 28 janvier à Catherine dans la dernière minute de l’émission,
– et bien sûr, sur le site de la CGT Radio France bien sûr !
– photos que m’a confié Marc Chaumeil (je l’en remercie du fond du cœur) (dont la première est parue dans Libération, de la dernière Ag de Catherine le 28 novembre 2019... toujours au premier rang, toujours en grève !
Catherine a été incinérée au crématorium du Père Lachaise jeudi 30 janvier 2020 à 15h30.
Nous avions, avec ses ami-e-s de la CGT Radio France, mais aussi avec ses collègues, avec tous ceux qu’elle a défendu dans les instances, décidé de lui offrir une dernière manifestation.
Nous nous sommes rassembler à 14h30 place Martin Nadaud pour aller en cortège jusqu’au crématorium, derrière la banderole de la CGT Radio France, avec les banderoles de ceux qui souhaiteront en avoir une, de même que tous les drapeaux de ceux qui viendront avec, accompagné de la fanfare invisible...
Enfin, en fin de journée, nous avons répondu à un souhait de Catherine : une grande réunion, à la maison de la Radio, à partir de 18h, pour parler d’elle, sans larme, sans patos, mais au contraire, dans la musique, et pourquoi pas quelques rires... et une fois de plus, nous avons refait le monde..